Pour le commerce de détail, la fermeture des commerces non alimentaires en Suisse est un coup dur

Swiss Retail Federation est très préoccupée par la situation du commerce de détail suisse. La fermeture des magasins non alimentaires ordonnée ce mercredi va placer de nombreux commerces dans une situation qui risque de menacer leur existence. Les chiffres d’infection et d’hospitalisation stables, voire en faible diminution, doivent être vus comme un signe positif, même s’il est actuellement difficile d’évaluer la situation en raison de la nouvelle variante du coronavirus. Cette situation peu claire n’aurait pas dû conduire à imposer prématurément des difficultés supplémentaires au plus gros employeur de Suisse (310 000 emplois !).

Swiss Retail partage l’avis du Conseil fédéral selon lequel nous nous trouvons dans une phase très difficile de la pandémie. C’est aussi la raison pour laquelle nous nous sommes abstenus de réclamer un assouplissement trop hâtif des mesures touchant le commerce de détail – malgré des chiffres stables – et avons suggéré au contraire au Conseil fédéral de prolonger en principe jusqu’au 28 février 2021 le « confinement light » du commerce de détail si la situation l’exigeait encore. De fait, bien que les magasins soient restés ouverts, le nombre de contaminations a même légèrement diminué. Comme cela a toujours été dit et confirmé sur la base d’évaluations internes du nombre d’absences pour maladie, le commerce de détail n’est pas un foyer d’infection. Pas étonnant d’ailleurs qu’aucun chiffre ni aucun fait probant n’aient été produits à ce jour pour montrer que des personnes pourraient avoir été contaminées dans les magasins. Or, bien que le commerce de détail se soit montré adaptable, proactif et exemplaire dans la période de « confinement doux », il est maintenant sanctionné de façon disproportionnée par une mise à l’arrêt de grande ampleur.

Lourde charge et insécurité parmi les travailleurs du commerce de détail

Pour les salariés du commerce de détail, la perspective d’un chômage partiel due aux fermetures de magasins est très stressante et les plonge dans une douloureuse incertitude : ils sont conscients qu’un nouveau recul des ventes va frapper durement nombre d’entre eux dans la branche du détail (en particulier le commerce non alimentaire, déjà mis à mal par la fermeture au printemps). Les coûts supplémentaires pour la location d’un espace de stockage supplémentaire destiné à l’entreposage de marchandises déjà commandées, les remises ultérieures sur les marchandises saisonnières qui n’ont pas été vendues (avec forte contraction de marges déjà très minces), l’augmentation des coûts de transport et de manutention ainsi que le poids des coûts fixes indépendants de l’activité (notamment les loyers) vont mettre en danger de nombreux emplois. Par ailleurs, l’expérience faite à l’étranger montre que la fermeture n’est pas une stratégie durable et n’entraîne guère de changement dans le comportement des consommateurs, allant même, au contraire, avec le rattrapage ultérieur des besoins différés, jusqu’à favoriser une certaine négligence à l’égard des mesures de précaution.

Pour le commerce non alimentaire, des pertes mensuelles de plusieurs milliards ne sont pas supportables sans une contribution aux coûts fixes

La nouvelle fermeture des magasins ne vendant pas de marchandises de consommation courante correspond à une perte mensuelle de chiffre d’affaires d’environ 3,2 milliards de francs à l’échelle suisse. Jusqu’ici, l’ordonnance Covid 19 sur les cas de rigueur a été d’une aide nettement trop faible pour les détaillants directement ou indirectement touchés. A cause du nouveau confinement et des mesures associées, comme le télétravail obligatoire, qui réduisent plus fortement encore la fréquentation de la clientèle, nous demandons à la Confédération une contribution aux coûts fixes. Lors de la première fermeture au printemps 2020, les détaillants du secteur non alimentaire ont supporté eux-mêmes tous les coûts fixes, qui continuaient de courir malgré la fermeture et n’ont pas été compensés par les indemnités de chômage partiel. Le coussin des réserves s’est aujourd’hui évaporé et les détaillants du domaine non alimentaire ne sont plus en mesure de supporter la lourde contrainte des coûts fixes pour la durée des nouvelles restrictions annoncées par l’Etat. Si la Confédération ne prend pas en charge une part proportionnée des coûts fixes, on se dirige vers une vague massive de faillites dans le commerce de détail, avec la perte de milliers d’emplois. En 2020, même hors confinement, le commerce de détail a été la deuxième branche la plus touchée par le chômage. Par exemple, les chiffres du chômage de décembre, par excellence un mois très fort pour le commerce de détail, ont augmenté de 42,5 % en 2020 par rapport au même mois de l’année précédente.

Solution avec contribution plafonnée aux coûts fixes

Swiss Retail exige dans les meilleurs délais du Conseil fédéral une contribution modérée aux frais fixes et a défini à cette fin deux modèles. Ils s’appliquent à partir du premier jour des mesures ordonnées par les pouvoirs publics. En fonction de la baisse du chiffre d’affaires due à ces mesures par rapport à la période de comparaison de 2019 (semaine civile), une partie des coûts fixes doit être prise en charge par la Confédération. Ces coûts (pro rata temporis : loyer ou fermage, coûts d’énergie et autres frais annexes, autres coûts fixes convenus par contrat tels que contributions aux centrales, forfaits de nettoyage, transports d’argent, entretien ou assurance et amortissement, mais seulement à moitié) étant plafonnés de deux manières : (i) en définissant les coûts éligibles de manière très étroite et (ii) en imposant une restriction échelonnée en pourcentage. Seul le montant restant après déduction de ces deux plafonnements est à la charge de la Confédération et doit être compensé par elle.

La structure de ces modèles permet aux détaillants qui ont fait tout leur possible pour maîtriser la crise sanitaire et qui ne peuvent pas bénéficier de l’ordonnance Covid 19 destinée aux cas de rigueur, de maintenir en vie leurs entreprises fondamentalement saines, ainsi que les emplois correspondants, sans s’enrichir aux dépens de l’État ou maintenir à flot des entreprises non viables!

Pour toute question complémentaire ou information de fond, Swiss Retail Federation reste bien sûr à votre disposition sous medien@swiss-retail.ch.